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Freddy Taquine l'étrang(s)e
Duo Éloïse Decazes & Éric Chenaux + Farce Dure
Dimanche 6 octobre 2019, Freddy Taquine, le rendez-vous dominical des musiques insolites ou hybrides concocté par le collectif Freddy Morezon et le Taquin à Toulouse, reprend en beauté par une fin d'après-midi qui s'annonce enivrante, entêtante et irrésistible. Pour cette première de la troisième saison, Freddy Taquine l'étrange (et la transe) avec le duo d'Éloïse Decazes et Éric Chenaux et le groupe Farce Dure.
Duo Éloïse Decazes & Éric Chenaux
Éloïse Decazes : voix
Éric Chenaux : guitare
Véritable chanteuse halogène, Éloïse Decazes hante depuis quelques années les ruines de la chanson française, notamment au sein du groupe Arlt. On l’a par ailleurs entendue miniaturiser les Folksongs de Luciano Berio en compagnie de Delphine Dora ou improviser sur cassette des hymnes au Titanic avec Le Ton Mité. Son timbre mystérieux, dont on peine à démêler le chaud du froid, son articulation faussement sereine, et cette façon de perturber les durées en chantant l’ombre des notes plutôt que les notes sont immédiatement reconnaissables. Quant à Éric Chenaux, guitariste virtuose, il est connu pour avoir cessé un beau jour de prendre son outil au sérieux, préférant y voir un instrument bâtard et s’étonner lui-même d’en sortir tout à la fois des sons d’orgue ou de viole de gambe, de canne à pêche électrique ou de fusil tombé dans l’eau. Le pire, c’est que c’est très beau. C’est aussi un improvisateur de premier plan, qui défonce tous les clichés du genre, à force d’humour et de paradoxes.
Après un premier album qui fut rapidement épuisé, devenu l’objet d’un petit culte assez fervent chez les amateurs de beautés pas franchement normées, l'amour de ces deux grands irréguliers pour la chanson ancienne les rassemble à nouveau sur leur deuxième disque, Bride. On y trouve des chansons d’autrefois repensées à deux et de fond en comble, arrangées avec autant de folie que de science. Ce n'est pas de la folk, ni même de la musique dite traditionnelle. C’est de la musique nouvelle rêvée et pensée à partir de très vieilles mélodies. Des morceaux au psychédélisme doux, un dialogue souriant avec une certaine modernité intrépide (Monk, Cage, Derek Bailey ou les disques « Obscure » de Brian Eno en ligne de mire), l’amour des questions et la quête inlassable d’un présent sans cesse recommencé. Un album qui fait tourner la tête, à force de majesté vocale et de faux violons rampants, de suicides harmoniques ou de soli égarants, et qui subvertit les formes, mais sans tapage, avec bienveillance et dans le plus grand calme.
Farce Dure
Mickaël Vidal : clarinette, chant
Marthe Tourret : violon, chant
Charlotte Espieussas : accordéon, chant
Tristan Charles-Alfred : saxophone ténor et baryton
Jean Lacarrière : saxophone ténor et baryton
Mathias Bayle : percussions
Antoine Perdriole : percussions
Entre frénésie et contemplation, Farce Dure s’inspire de deux mouvements musicaux largement répandus : la hard-world transe expérimentale et la musique traditionnelle du Quercy et d’Auvergne. Dans l’aspiration de projets tels que la Nòvia ou Super Parquet, ce septet joue avec le temps pour redonner aux bourrées et aux rondes le goût délicieux de la transe. Les codes de la danse traditionnelle en sont modifiés. L’espace-temps s’étire, les danses s’entêtent, les mouvements s’amplifient. L’oreille est assiégée de timbres, de rythmes, de nuances, d’ambiances et se retrouve éprise au cœur de sonorités originales. En s’appuyant sur la diversité des musiciens et des instruments, Farce Dure se forge son propre style et propose à chacun de le recevoir comme il l’entend.