442e rue
Avec un tel pedigree, ce trio improbable ne peut décemment pas faire une musique aseptisée, formatée et innocente, ce serait contre-nature. Facteur Sauvage, c’est un mélange de jazz fantomatique, genre Tom Waits scrofuleux, de blues dégénéré, genre Captain Beefheart extatique, d’avant-garde bastringue, genre the Ex déviant, de noise démembrée, genre Sonic Youth halluciné.
Pour entrer en transe sans utiliser de substances prohibées, Facteur Sauvage, c’est de première bourre. Et, une fois que vous êtes dans un état second, c’est là que la magie opère, que vous entrez de plain-pied dans vos rêves les plus dingues, ou vos cauchemars les plus expressifs, les plus radicaux n’étant pas forcément ceux que vous attendiez. Facteur Sauvage sont de fiers guerriers de l’accord déstructuré, d’altiers gladiateurs de l’arpège abrasif, d’arrogants chevaliers de la mélodie bouleversifiée, à la fois Attila, Spartacus et Prince Noir en route pour une petite virée raboteuse et chaotique dans des contrées à peine défrichées par la civilisation. De quoi entretenir une légende et passer à la postérité.
Lionel Dekanel, 442E RUE, n°126 p.13, juillet 2018
Revue de presse – Facteur Sauvage – 442e rue – juillet 2018