Retrouvez en podcast sur France Musique CiRuS ViRCuLe à l'honneur dans l'émission " Carrefour de la création " d'Anne Montaron : Duo CiRuS ViRCuLe / À L'Improviste !
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Distribution
Betty Hovette : piano préparé ou cadre de piano (apporté)
Laurent Paris : percussions préparées
CiRuS ViRCuLe
© Christian Taillemite
Nous avons changé d’époque. De nos jours, l’Intelligence Artificielle (IA) a déjà pris tant d’importance que même dans le domaine des arts, elle est en mesure de remplacer l’homme. On peut aujourd’hui lui faire écrire de la musique dans le style de Stravinsky, à la manière des chorals de Bach, lui demander d’engendrer une improvisation dans l’esprit du « Giant Steps » de John Coltrane, voire de créer sa musique originale.
Cependant, l’improvisation libre est un domaine qui pourrait bien lui rester inaccessible, car derrière l’IA, la mal nommée, se trouvent – il faut s’en souvenir – des programmeurs inaptes à transcrire en code informatique les qualités fondamentales de l’improvisation libre : l’instinct, l’inspiration partagée, l’empathie véritable.
Fort de ces qualités, CiRuS ViRCuLe part à la recherche des derniers territoires sonores inconnus à chacune de leur performance. Betty Hovette et Laurent Paris sont deux « artistes-révélateurs » qui continuent de dénicher des trésors indomptés. Qualifier leur musique d’« improvisation libre » serait d’ailleurs réducteur : leur quête consiste moins à trouver une liberté qu’ils (s)ont déjà qu’à parvenir au cœur du son lui-même, à quérir l’inespéré du finalement advenu. Loin de tout pré-organisé, bien au-delà de la mélodie accompagnée et de la notion traditionnelle d’harmonie - sans pour autant les renier ni les évacuer absolument - , ces musiciens de notre temps concentrent leurs efforts créatifs sur la création de textures inenvisagées ou de phénomènes rythmiques dans le hors tempo. Se joue d’ailleurs entre eux un jeu d’identité instrumental : le " qui joue quoi ? " est bien l’un des mystères que l’on ressent avec plaisir à l’écoute de ces moments musicaux. Il en résulte une musique jamais directive. L’incroyable ici réside précisément dans la diversité des sentiments exprimés et ressentis, dans l’ouverture à des rapports au monde autres que ceux qu’on voudrait nous imposer, dont toute la saveur réside dans l’incertain même, le savoureux ambigu.
Musique intemporelle qu’on imagine avoir été possiblement enregistrée aussi bien à la préhistoire qu’au plus fort des musiques dites « contemporaines ». Musique d’apparition. Mieux : d’émergence ! La visée de ses créateurs relève moins de l’expérimental, moins de la découverte du nouveau, que du pur plaisir d’écouter du·des son·s. Soit un antidote au grandiloquent, au ressassé, au connu d’avance.
Ludovic Florin